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lundi 19 septembre 2011

"Le jour de la véritable indépendance tunisienne"


"Le jour de la véritable indépendance tunisienne"

Crédits photo:  A Tunis, le 14 janvier (Reuters)


Récit de la journée qui a marqué la fin des vingt-trois ans de dictature de Ben Ali en Tunisie.



18 heures. Le dernier vol pour Tunis en partance de Paris s’approche de la Tunisie. A son bord, une vingtaine de civils tunisiens, une poignée de journalistes et les deux députés européennes Europe Ecologie-Les Verts Eva Joly et Hélène Flautre, engagée auprès des défenseurs des droits de l’homme tunisiens depuis des années. Les deux femmes se rendent en Tunisie dans le but de porter un message de soutien et de sympathie au peuple tunisien et rencontrer les opposants.
Depuis le début de la journée, des centaines de milliers de Tunisiens manifestent pour réclamer le départ du dictateur. La veille, Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans, avait annoncé qu’il le quitterait en 2014. Ce n’est pas assez pour les jeunes, les vieux, les femmes qui scandent en cœur devant le ministère de l’Intérieur : "Ben Ali dégage! Ben Ali dégage !"
"Tout Tunis est dehors, c'est magnifique"
« Hier j’ai failli ne plus y croire mais là tout Tunis est dehors, c’est magnifique », témoigne Sihem, tunisienne d’une trentaine d’année, par texto en direct du ministère de l’Intérieur. Mais vers 16h-17h, la police divise la manifestation pacifique à coup de gaz lacrymogène et, selon de nombreux témoignages, tire à balle réelle. C’est la panique. Selon un premier bilan provisoire, on parle de 18 morts et d’un photographe français touché à la tête, actuellement entre la vie et la mort. Laurence, une Française de Tunis, tousse en panique au téléphone :
"La police nous asperge de gaz lacrymogène, c’est horrible, on s’est réfugié chez des gens qui nous ont ouvert leur porte."
Dans le dernier vol pour Tunis, la tension est palpable quand le commandant de bord annonce qu’il est impossible d’atterrir et qu’il doit faire demi-tour pour rentrer à Paris. Les larmes montent aux yeux des Tunisiens présents à bord. Fermeture de l’espace aérien, grève du personnel, fermeture de l’aéroport par l’armée ? Les infos sont contradictoires.
De retour à Paris, on annonce que l’Etat d’urgence a été déclaré en Tunisie. Les images de la répression policière retransmise sur les chaines d’info sont effroyables. Sihem aussi s’est réfugiée chez des inconnues pour échapper aux tirs des policiers. Par téléphone, d’une voix basse, elle explique:
«Je me suis réfugiée chez des gens, je ne peux pas parler fort, les policiers enfoncent les portes, ils ont enfoncé celle du voisin, c’est effrayant. »
Au même moment, la télé tunisienne annonce le départ de Ben Ali et l’intérim du Premier ministre Mohammed Ghannouchi (remplacé le 15 janvier parFouad Mebazaa, apparatchik de la politique tunisienne et ancien président du Parlement). Le peuple tunisien aura eu raison du dictateur. Plus tard, on apprend que les autorités françaises "ne souhaitent pas" l'accueillir sur leur sol. On dit Ben Ali en route vers le Golfe, sans pouvoir le vérifier.
"Que les avoirs des Ben Ali soient gelés"
S'appuyant sur les lois antiblanchiment adoptées par l'UE, Eva Joly demande que:
« Les avoirs de M. Ben Ali et de sa famille soient gelés par les établissements financiers pour une explication sur l'origine de ces fonds et que la communauté internationale face pression dans ce sens. »
Dans le taxi qui la ramène sur Paris, France Info diffuse un sonore de Mezri Haddad, ambassadeur démissionnaire de la Tunisie à l’Unesco. Il ressasse la propagande benaliste : «Avec son départ, les intégristes vont prendre le pouvoir à Tunis. »
Abdelaziz Belkodja, écrivain et activiste de la révolte tunisienne sur le Net, s’en offusque au téléphone: « L’ambassadeur est complètement à coté de la plaque. C’est une révolte républicaine. Aujourd’hui il y avait 50% des femmes dans les rues, on n’a rien à voir avec les intégristes. C’est le peuple tunisien, seul, qui a renversé Ben Ali. La révolte républicaine est une réponse à l’intégrisme. Il n’y a jamais eu un seul slogan intégriste. Le peuple manifestait contre la corruption, pour la dignité, alors qu’on a subi de la manipulation partout, dans la presse, à la radio, à la TV, avec une chape de plomb sur les intellectuels, les résistants, les démocrates, le peuple. »
Il laisse exploser sa joie: « On est heureux d’avoir réussi à abattre Ben Ali qui hier a essayé de casser la révolte avec son conseiller en com’ Séguela en semant le doute. Mais Tunis a marché sur le ministère de l'Intérieur, en demandant le départ de Ben Ali. La révolution tunisienne va donner de l’espoir à l’Algérie, à la Lybie. C’est la première fois de toute l’histoire du monde arabe que la population arrive à faire dégager un dictateur. Tout est parti de Sidi Bouzid, de l'homme qui s’est immolé par le feu, puis grâce à Internet, Facebook, la révolution s’est propagée, alors qu’on recevait des coups de fil anonyme disant: «On va venir vous tuer.» Aujourd’hui c’est une jour historique : celui de la véritable indépendance tunisienne. »
Anne Laffeter

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