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lundi 19 septembre 2011

Le cinéma tunisien se branche sur la révolution


Le gouvernement de transition de la Tunisie place le cinéma en première ligne dans sa défense d’une "nouvelle culture de la citoyenneté". La ministre des Affaires de la femme, Lilia Labidi, nous explique le rôle du cinéma dans l’après révolution.



En Tunisie, où le mouvement populaire débuté en décembre 2010 a fait tomber le régime de Ben Ali, l’après révolution se joue aussi sur le front de la culture. Passée la suppression de la censure (à l’origine de quelques unes des images les plus stimulantes vues depuis longtemps : des livres interdits que l’on remet en vitrine des librairies, des acteurs bannis qui réinvestissent les théâtres), le gouvernement de transition annonce sa volonté de "consolider les acquis de la révolution en menant une politique volontariste sur le terrain de la culture et des médias" - le cinéma aux avant-gardes.
Dans cette perspective, la ministre des Affaires de la femme, Lilia Labidi,recevait récemment une délégation de réalisateurs tunisiens (parmi lesquels Anis Lassoued et Salma Baccar, auteur de Fleur d’oubli). Son objectif : amorcer une coopération avec les artistes en vue de "créer une nouvelle culture de citoyenneté et de démocratie". En bref, relayer par l’image les idées révolutionnaires. En étroite collaboration avec le ministère de la Culture, Lilia Labidi présentera dans quinze jours son plan stratégique et espère mobiliser la communauté du cinéma tunisien.
Documenter la révolution
 "La période de transition après la révolution donne le vertige, confie la ministre. Nous sommes face à une inconnue, mais c’est un moment très exaltant, où nous devons profiter du mouvement pour faire avancer les mentalités". En poste depuis les premières nominations du gouvernement d’Union nationale tunisien le 17 janvier, Lilia Labidi a résisté aux différents remaniements et compte bien mener son projet à terme. 
"Notre première priorité est d’informer les femmes, les jeunes, et tous les tunisiens sur ce que sont précisément la constitution, la démocratie, notre code et statut personnel en vigueur depuis 1956, et dont nous souhaitons approfondir les acquis. La création artistique est le meilleur moyen de sensibiliser le plus large public sur ces sujets", explique la ministre.
 Pour le lancement de son plan stratégique, le ministère de Lilia Labidi prévoit donc une grande campagne d’information, articulée autour de "témoignages de proches de martyrs", de lectures publiques, de concerts, et de projections de films documentaires sur la révolution (accompagnées de débats sur la constitution). La ministre souhaite aussi, avec cette « nouvelle culture de citoyenneté », faire évoluer la représentation de la femme dans les médias, en donnant la parole à ces "militantes très actives pendant la révolution".
 "La Tunisie est connue pour être un pays tolérant, mais l’image des femmes dans les médias souffre encore d’un certain conservatisme, précise Lilia Labidi. Un effet carte postale très souvent critiqué dans certains films qui, face aux contraintes de la censure, favorisaient les belles images plutôt qu’un propos réaliste. Le cinéma n’a pas vraiment aidé à la libération des femmes."
Une situation d’autant plus étonnante, selon Lilia Labidi, que le cinéma tunisien est composé de beaucoup de femmes, productrices, scénaristes, et réalisatrices. Comme Raja Amari, porte- étendard de la "troisième génération de cinéastes tunisiennes", auteur de Satin Rouge et plus récemment de Les Secrets, qui a été invitée au ministère de Lilia Labidi pour participer à son projet.
 Une réforme du cinéma
Mais cette politique culturelle menée en partenariat avec le ministre de la Culture, Azedine Beschaouch, passe surtout par une réforme de fond du cinéma tunisien. "Notre première difficulté est de retrouver la parole, de retrouver un langage cinématographique. La création, dans le cadre de la censure, et plus encore de l’autocensure, a été très compliquée", confirme  Lilia Labidi.
Baisse des subventions, contrôle a priori sur le contenu des scénarios, autorisations de tournage suspendues : la censure s’était accélérée ces dernières années en Tunisie, particulièrement sous le mandat du ministre de la Culture Mohamed el-Aziz Ben Achour (2004-2008). Période noire de la production nationale, marquée par les contestations du cinéaste Ibrahim Letaïef et par le blocage des projets d’auteurs réputés comme Nouri Bouzid (Making Of) pour "atteinte à la morale".
Mais le contrôle obsessionnel du pouvoir n’a pas empêché la création d’une scène indépendante, en marge de l’establishment, autour de jeunes réalisateurs et d’amateurs réunis dans des associations, comme la FTCA (Fédération tunisienne des cinéastes amateurs). Ce sont eux qui seront appelés à participer au projet du gouvernement :
"Il y a depuis quelque temps un mouvement de jeunes cinéastes passionnant, qui s’autorisent des propos plus subversifs. On les a vus pendant les manifestations, ils tournaient des films documentaires dans la clandestinité, et aujourd’hui on a besoin de ces artistes pour toucher le public", confirme la ministre.
 Ces jeunes cinéastes devraient bénéficier, en plus de la levée de la censure, des nombreuses réformes promises par le gouvernement dans le domaine de la création. Le ministère de la Culture annonçait ainsi récemment une hausse des financements publics, et des mesures en faveur des techniciens du cinéma, en particulier ceux exclus ou marginalisés par le passé. Le président déchu Ben Ali ne s’était trompé que de quelques mois, lui qui déclarait aux Journées nationales de la culture que "2010 serait l’année du cinéma tunisien".
Romain Blondeau

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