On est en république bordel

A condition que la république,elle, ne soit pas un beau bordel, on l’appelle démocratie. Mais attention aux confusions

En France, l’homme de la rue dit volontiers « on est en république ». C’est la version light, en fait, les expressions exactes ressemblent plutôt à « on est en république bordel » ou « on est en république non ». Il y a derrière ces expressions l’exclamation spontanée de la liberté de l’individu qui la prononce qui pourrait vouloir dire «  je fais ce que je veux », « je dis ce que je veux » ou encore « me faites pas chier ».

Mais derrière cette expression il y a également le plus souvent une confusion entre république et démocratie.Car messieurs, mesdames, l’une et l’autre ne sont pas toujours synonymes. Loin s’en faut. Prenez la république islamique d’Iran, la république populaire de Chine, la non moins communiste et terrible république de Corée du Nord, la république algérienne, syrienne  et j’en passe et des meilleures qui sont de parfaits contre exemples de cette croyance populaire qu’une république est une démocratie.

D’ailleurs, nous en Tunisie, nous sommes parfaitement au courant de cette différence. La république tunisienne  a été pendant 65 ans une autocratie. Bourguiba n’était pas un démocrate et Ben Ali a fait pire. La dictature du libérateur et de celui qui a incarné la nation indépendante après 56 et la dictature mafieuse et kleptocratique de celui qui se cache en Arabie Saoudite n’ont sans doute rien à voir.

Mais c’est janvier 2011 qui fait entrer la Tunisie dans ce moment de l’histoire où république et démocratie deviennent des concepts approchants. La république, c’est la « res publica » , la chose publique. C’est-à-dire normalement l’idée d’un intérêt général fondé sur des lois forgées par des représentants élus. Elus oui, mais pas n’importe comment. Pas dans le cadre d’une élection trompeuse avec celui qui a déjà gagné et des partis fantoches, pas dans un Etat où ne votent que certaines personnes en raison de leurs revenus ou de leur sexe.

La république qui est démocratique, celle où les représentants recherchent par la loi l’intérêt de tous, est une nation où le résultat du vote n’est pas connu d’avance ou sous conditions tout le monde peut se présenter et où le choix réellement exprimé par le peuple est garanti par un cadre strict.

Le vote est quasi sacré dans une démocratie, c’est ce vers quoi la république tunisienne doit tendre.
Bonne fête de la république