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lundi 11 juillet 2011

Existe-t-il une identité tunisienne autre qu'islamiste?




La dictature avait étouffé l'expression du peuple pour mieux le mater. Sous la menace islamiste, comment les Tunisiens parviendront-ils à se réapproprier leur identité?





Après la «révolution surprise», la Tunisie est à la recherche de son avenir. Selon l’expression d’un confrère, après trois semaines passées à Tunis et dans le sud, le pays «manque de discours».
La révolution a été trop rapide pour être prévisible. Elle n’a même pas été rêvée tant elle semblait inaccessible, mais elle parait aujourd’hui orpheline. Les régimes de Habib Bourguiba et de Zine el-Abidine Ben Ali ont éradiqué toute velléité d’initiative de la jeune génération pour décourager les ambitions politiques. Même l’armée a été volontairement délaissée au profit des services de sécurité pour empêcher l’éventuelle émergence d’un colonel séditieux.
Il n’y a pas d’élite dans laquelle on pourrait puiser les dirigeants de demain et la résignation dont ils ont fait preuve a empêché qu’une tête charismatique dépasse de l’ensemble terne d’organisations ou de partis. La révolution a dû rechercher dans les tiroirs de l’histoire quelquesseptuagénaires —moins mouillés— en état de conduire les affaires du pays car les jeunes n’ont pas été préparés à cet avenir.
Alors, les révolutionnaires ont du mal à prendre des responsabilités dans le nouveau régime car ils n’ont pas d’arguments pour un discours qui n’existe pas et qu’ils sont incapables de déclamer. L’espoir diminue auprès de la population tunisienne qui reste dans l’attente de directives et de propos d’espoir et qui craint que la révolution lui soit confisquée.

Une entreprise de destruction identitaire

Les dictatures qui ont sévi durant plusieurs décennies ont été contraintes, pour se défendre et perdurer, d’étouffer l’identité du peuple pour mieux le mater. Elles ont favorisé l’émergence d’un système élitiste aux ordres du pouvoir en empêchant l’avènement de jeunes pousses capables de conduire les instances dirigeantes.
La révolution a donné au peuple la conscience de sa puissance mais elle ne lui a pas rendu son identité perdue, étouffée par l’ancien régime, et bradée pour l’empêcher d’exister. Le président Bourguiba avait fait de sa lutte contre les autorités religieuses son cheval de bataille. Le rôle de la nouvelle révolution consistera en revanche à réveiller une identité islamique qui pourrait trouver un consensus dans le pays. Modérée, elle pourrait s’opposer à l’intégrisme des factions antagonistes, les Frères musulmans, le Djihad islamique et al-Qaida, qui ont chacune l’inconvénient d’être sous l’influence d’un pays tiers.
La Tunisie avait été le premier pays du monde arabe à œuvrer pour détruire son identité originelle islamique. Le président Bourguiba avait décidé de s’affranchir d’un pouvoir religieux omniprésent qui freinait sa puissance et sa marche vers le modernisme occidental auquel il était attaché par conviction et intérêt. Il avait donc décidé de le combattre de manière brutale, en brisant les tabous, non pas par crainte de se voir supplanté politiquement, mais pour avoir les mains libres, pour marginaliser l’identité musulmane. Il avait donné aux femmes leur liberté, via le Code de statut personel (PDF), et il avait pris le risque de déconseiller le jeûne du ramadan aux travailleurs, de fustiger le port du voile, le «chefchari» tunisien. Cette marche forcée vers l’occident lui avait d’ailleurs valu les foudres des autorités de la Zitouna qui ont fini par se plier aux injonctions du «combattant suprême».
Habib Bourguiba avait opté pour la destruction des piliers de l’identité arabe en abolissant les tribunaux islamiques et en favorisant l’apprentissage de la langue française, la langue coloniale. Il voulait que les institutions de l’Etat rompent toute référence aux racines islamiques. Aidé des caciques de son parti, il avait ainsi créé une élite politique, aux ordres, qui n’a pas généré de relève. Les islamistes étaient traqués, combattus, exilés, emprisonnés, tandis que toute référence à la religion était considérée comme un acte de défiance à l’égard du régime. L’islam était devenu l'ennemi du peuple et tout tunisien qui s’en référait devenait suspect. Le paradoxe aujourd’hui tient dans le fait que les femmes, qui ont été libérées à l’avènement de l’indépendance, veulent par réaction marquer leur originalité en s’affichant à nouveau avec le voile, moins par conviction que par provocation.

La menace islamiste

Mais elles craignent que la réactualisation de cette identité perdue passe par l’avènement au pouvoir des extrémistes. Alors les pionnières, qui étaient au premier rang des manifestants et quiont lutté pour la chute du régime, ont prévenu qu’elles défendront leur statut avec la même énergie qu’elles ont combattu la dictature à l’instar de la journaliste Racha Tounsi, en tête des cortèges pour manifester et pour soigner les blessés. Mona Ben Halima, ancienne élève du lycée Louis-le-Grand à Paris avait exploité l’arme d’internet pour rameuter les jeunes et pour informer la presse française.
Le 5 avril 2011, des militants islamistes ont investi l'hôpital de La Rabta à Tunis, en insultant les infirmières et les femmes médecins non voilées. La menace étant claire, elles ont décidé de s’organiser pour prendre part aux nouvelles réalités. Elles ont convaincu les dirigeants qu’ils devaient reporter les élections car, si elles avaient lieu à la date fixée, les islamistes, en tant que seuls militants organisés et structurés, auraient la majorité. Le fantasme de l’avènement d’une république islamique n’est pas exagéré. La Tunisie n’est pas à l’abri de troubles à l’algérienne, car l'ex-ministre de l'Intérieur du gouvernement tunisien de transition, Farhat Rajhi, a suscité un vif émoi en dénonçant la préparation d'un «coup d'Etat militaire» dans le pays en cas de victoire des islamistes aux élections.
La Tunisie, qui s’est définie à l’origine comme un Etat évolué, émancipé et modéré, n’a plus le choix qu’entre le salafisme des islamistes radicaux et le modernisme hérité des occidentaux. Des intégristes tunisiens revendiquent à présent ouvertement le droit à un Etat islamique radical. Ils veulent parvenir à leurs fins en instituant le désordre en Tunisie, en manifestant avec violence, en harcelant les femmes au travail et en s’attaquant aux touristes symboles de la décadence de l’occident. Ils feignent d’ignorer que l’économie du pays est totalement dépendante de l’apport des occidentaux mais ils comptent les remplacer en s’appuyant sur leurs alliés intégristes étrangers. Interdits pendant le régime précédent, les hommes barbus envahissent à présent les rues et les femmes n’hésitent plus à se couvrir d’une tenue noire qui ne figurait pas dans la tradition de la culture tunisienne. Aujourd’hui, la Tunisie laisse filtrer un profond pessimisme sur son avenir. 

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